Tout en étant très prolifique, Emily Dickinson n’a presque rien publié de son vivant. Sur les 1789 poèmes écrits que l’on connaît, seule une dizaine ont été publiquement diffusés, dans des journaux, entre 1850 et 1866. Aucun de ces poèmes n’était d’ailleurs crédité à Emily Dickinson. Les universitaires estiment que ces publications se sont faites sans son accord. Il est d’ailleurs difficile de savoir si la poétesse désirait être publiée ou non. Sa poésie ne correspondait pas aux mœurs littéraires de l’époque, ce qui était sans doute un obstacle pour qu’elle ait envie — et qu’elle puisse – diffuser ses textes.
Elle a écrit un poème entièrement dédié à la question du succès, qui accentue le mystère sur sa volonté ou non d’être une figure publique :
Success is counted sweetest
By those who ne’er succeed.
To comprehend a nectar
Requires sorest need.
Not one of all the purple host
Who took the flag to-day
Can tell the definition,
So clear, of victory!
As he, defeated, dying,
On whose forbidden ear
The distant strains of triumph
Burst agonized and clear!